EMBUSCADE DE LA VALLÉE D'UZBEEN

En août 2008, la vallée d'Uzbeen, vers le nord-est, doit être reconnue. La 4e compagnie du 8e RPIMa, installée sur la base avancée de TORA dans le district de Surobi, est désignée pour la mission. Récit d'une partie de l'événement vécu par quatre Tahitiens de la section Carmin 2 de la 4e compagnie du 8.

Trois phases sont planifiées. Les deux premières sont effectuées le 8 et le 15 août sans incident. Le 18 août, la dernière phase est programmée. Une colonne blindée se forme avec deux sections sur VAB, une du 8e RPIMa et l'autre du RMT Elles sont accompagnées de deux sections de l'ANA formées par les Français. Un élément américain de guidage aérien complète le dispositif. Ces quatre sections, (une centaine d'hommes), prennent la direction de la vallée d'Uzbeen vers 9h50. La zone de reconnaissance se situe à moins de vingt-cinq kilomètres de Tora.

Vers 13h00, la section de la 4/8e RPIMa est en tête, commandée par l'adjudant Evrard. Son indicatif radio est Carmin 2 (couleur de tradition de la 4). Au village de Sper Kunday, la route se transforme en piste, les blindés stoppent. Le col culminant à 2000 mètres, est dominé de part et d'autre par des crêtes aux pentes abruptes. La section débarque, les VAB se positionnent en appui. Après avoir pris contact avec le chef du village, l'adjudant Evrard donne l'ordre de progression par une piste en lacets qui mène au col. Il est près de 15h00, il fait très chaud, les hommes peinent sous le poids de l'équipement. Au bout d'une trentaine de minutes de marche, le caporal-chef Marchand, dans le groupe de tête, s'inquiète un peu pour ses gars, d'autant que celui qui est devant lui ralentit de plus en plus. Plus bas, dans le groupe qui ferme la marche, le caporal-chef Temaeva scrute les crêtes. Il n'est pas inquiet mais il a tout de même hâte d'être au col. Au village en bas, les quatre VAB sont en place, un seul se détache franchement et assure la surveillance arrière. À la place du radio-tireur, le caporal-chef Tutavae détaille son secteur. Sa mitrailleuse est orientée vers le nord ouest où la crête, prolongeant le col, s'abaisse franchement. Il tourne presque le dos aux autres blindés. À une quinzaine de mètres des premières maisons, les trois autres VAB ont les secteurs principaux, le col plein est et les crêtes nord et sud. L'ensemble du relief forme un cirque bien ouvert. Le sergent Andrieux qui commande les appuis pense aux groupes qui peinent dans la montée. Le 1 CL Verdet est en tourelle du VAB 22, son secteur est au nord et recoupe celui de Tutavae.

L'élément de tête est alors à moins de cent mètres du col. À l'arrière de la section, un homme est victime d'un coup de chaleur, il s'arrête. Temaeva reste avec lui, le groupe repart. Marchand lui, arrive à hauteur d'un gros rocher, il le regarde machinalement. Soudain un cri monte du bas, c'est un berger. Certains s'en sont souvenus plus tard car juste après, les premières rafales ont crépité. En une fraction de seconde, tous sont postés mais les abris sont rares. Une roquette de RPG7 passe à coté du groupe de tête et explose plus loin. Les tirs, d'abord isolés, se font brusquement plus denses. À la radio individuelle, un premier blessé s'annonce, puis un second. Les hommes se fondent aux rochers et cherchent l'origine des tirs. Ils ne voient rien. Tout comme les équipages de VAB près du village. Eux aussi ont été surpris par les détonations puis par le feu roulant qui a suivi. Les radio-tireurs braquent leurs armes et scrutent les crêtes. Les pilotes sont aux jumelles. Le sergent capte alors les premiers appels du chef de section qui lui désigne des secteurs à traiter. Les mitrailleuses ouvrent instantanément le feu sur les crêtes rocheuses. Verdet lâche de longues rafales, le bruit est assourdissant mais il perçoit aussi des claquements insolites sur le blindage qui résonne étrangement. Il n'a pas vu la trace d'une roquette passer au dessus de lui. Les pilotes se plaquent aux flancs des véhicules, le sol est constellé de petits geysers de terre, les appuis sont eux aussi sous le feu.
Marchand s'abrite avec un de ses gars derrière un arbre et tente de voir. Le chef de section et son radio le rejoignent avec quelques autres. L'adjudant est collé à la radio, avec le sergent aux 12.7 ou son capitaine qu'il appelle en renfort. Ce dernier prend aussitôt la route avec deux sections. Tous les hommes d'Evrard, par deux ou trois, sont cloués dans les lacets de la piste, à peine protégés. Ils tentent de rendre les coups. Sur le réseau section d'autres blessés sont annoncés. À partir de cet instant, ces petites équipes vont vivre chacune un destin différent.

Temaeva est le plus bas avec trois autres. Il cherche lui aussi à voir d'où viennent les tirs. La pierre et la terre tout autour sont lacérées de balles. Le plus dense pour eux provient de la crête Nord. Les famas crachent rafales sur rafales mais le résultat semble improbable. Il décide alors d'utiliser les grenades à fusil mais prendre une visée correcte est extrêmement risqué. Il parvient à en tirer deux de façon acrobatique sans pouvoir constater un résultat. Soudain, un de ses équipiers, posté à quelques mètres, est touché par une balle. Ce dernier a poussé un cri bref, il ne peut plus bouger. "J'ai appelé Martin et on l'a ramené sur notre position où on était bien protégés. J'ai fait un pansement compressif et Nono l'a piqué à la morphine." Le blessé à peine soulagé, ils reprennent l'observation car Temaeva redoute une manoeuvre ennemie. La crête qui les domine est bien visible mais il y a de nombreux angles morts d'où le danger peut surgir à très courte distance.
C'est ce que va vivre Marchand qui sent soudain une présence non loin de lui. Il se déplace alors lentement entre les rochers mais, à cet instant, un des chefs de groupe qui tentait de revenir vers eux surgit et s'effondre, quinze mètres devant lui. "Dés que je l'ai vu tomber j'ai couru le chercher en disant à Darchy de prendre mon secteur car le taleb était tout près." "Il est derrière vous !" me dit Gros. "J'avais déjà entamé ma course. Tant pis, mes gars vont s'en occuper. Le Taleb m'a entendu partir et s'est dévoilé. Darchy lui a vidé la moitié de son chargeur dessus."
Le blessé est traîné à l'abri avec le chef de section et ceux qui protègent cet îlot cerné. Les premiers soins sont donnés tant bien que mal. Déboulent alors Morelle et Dussat qui ont réussi à se dégager. Ils annoncent que l'adjoint est touché, plus haut. "Marchand il faut que tu ailles récupérer le chef !" dit l'adjudant.
Le caporal-chef et les deux derniers arrivés tentent alors de remonter vers le blessé mais leur déplacement provoque une pluie de projectiles. Morelle revient aussitôt, Dussat et Marchand trouvent un abri chacun de leur côté. La position est intenable. Marchand bondit sous le feu pour revenir en arrière mais il chute. Son famas est projeté loin mais il ne peut le récupérer car des balles l'encadrent. "Mon adjudant, on ne peut pas passer !" dit-il la mort dans l'âme.

Temaeva et ses gars sont bloqués. Ils ripostent dans deux directions opposées et tournent autour des rochers en fonction de la provenance des coups. Ils ont vu passer des avions assez haut. Les pilotes ont tirés des leurres puis sont partis. En bas, au village, les 12,7 tirent en rafales plus courtes, pour durer et entretenir le feu sur cet ennemi invisible. Tutavae pourtant va s'apercevoir que des silhouettes descendent du versant et s'approchent. Il tourne son tube et mitraille cette nouvelle menace. Il comprend que les insurgés tentent de contourner les appuis. Un hummer américain non loin de là double les tirs dans la même direction. La menace se trouve provisoirement fixée.
Sous le col, les éléments épars de la section, sans d'autres contacts que des échanges de voix furtifs, sentent aussi qu'un mouvement des insurgés est en cours. Ils descendent au contact.
Marchand, sans arme, voit un autre fusil tombé à l'écart, il bondit, ramasse l'arme, trébuche et prend comme un coup de poing à la cuisse. "J'ai senti un choc au moment de l'arrivée de la balle mais pas de douleur, seulement un coup de lassitude, mais les impacts qui m'arrivaient autour m'ont réveillé. Je me suis ressaisi et j'ai tiré sur les mains que l'on me tendait. Je n'ai pas eu le temps de me soigner, le bal était ouvert et les snipers se sont déchaînés."
Dans le petit groupe de l'adjudant, un autre drame s'est déroulé en quelques secondes. Un tir d'enfilade soudain s'est abattu et le radio, en faisant écran de son corps pour protéger son chef, est mortellement touché. L'endroit est trop exposé, tous se préparent à dégager, les ordres sont donnés. Deux paras assurent la couverture en lâchant des rafales rapides. Les autres sautent sur la piste et courent. Le radio est emmené mais un des porteurs est touché au bout de quelques mètres, il tombe.
De sa position Temaeva voit l'adjudant et deux hommes s'approcher de lui par la piste. Il tire à son tour, sans voir vraiment. Le trio s'effondre à l'abri, le chef de section est blessé. Temaeva veut remonter chercher les autres mais après quelques pas, des balles le cernent, sa lunette de famas est pulvérisée et projetée au sol, il recule. Tout mouvement vers le haut est impossible. "Il ne faut pas rester là, mon adjudant !" C'est du bon sens, tous le savent, le sous-officier fait un signe. Ils décrochent, traversent la piste et dévalent quelques mètres de pente. "On a été pris à partie dés que l'on a sauté." Temaeva se retrouve seul avec Morelle. Ils s'abritent, ça tire trop. Ils décident d'attendre un moment favorable. Entre temps deux avions A10 ont traité les pentes au canon plusieurs fois, freinant les insurgés et permettant à d'autres paras de gagner du terrain vers la vallée.

Aux appuis, Verdet s'est arrêté de tirer le temps que les avions agissent. Il souffle un peu, ses oreilles bourdonnent, il est trempé de sueur. Il regarde la bande engagée dans son arme, il lui reste moins de cinquante coups et encore un caisson à coté. Tutavae garde un œil vers la pente nord d'où les insurgés sont descendus peu avant. "Trois hélicos sont arrivés. Ils ont tiré jusqu'à la tombée de la nuit. Ils allumaient plutôt les crêtes et volaient à basse altitude. Vers 16-17h00 j'ai pris d'autres impacts sur le VAB mais qui venaient de droite. J'ai tourné la 12.7 pour riposter et j'ai senti deux balles s'écraser dans la tourelle."

Pour les blindés du sergent Andrieux, depuis de longues heures sous les balles, les choses vont alors se précipiter. Vers la fin de l'après-midi, d'autres VAB de la 4e compagnie viennent les remplacer. Quatre blessés dont l'adjudant arrivent entre temps et sont embarqués. Le VAB de Verdet décroche aussi, son pare brise est en partie masqué par les étuis de 12.7. Il ne lui restait plus beaucoup de cartouches.

Marchand a profité des A10 pour faire un bond mais les rochers ont éclaté autour de lui. Il a couru puis, déséquilibré, s'est fracassé l'épaule en chutant lourdement. "Là j'ai senti la douleur. Je m'étais complètement déboîté l'épaule. Mon famas est tombé loin et c'est un autre rocher qui m'a arrêté. Une balle a tapé juste à coté mais c'est tout. Le taleb a dû croire qu'il m'avait eu." Il pense être seul dans ce chaos rocheux mais il constate vite que Gros et Dussat sont à dix mètres de lui. "Caporal-chef vous êtes à découvert, il faut dégager !" "La douleur était très forte. Je ne pouvais pas prendre appui pour me relever. J'ai bien essayé de récupérer le famas mais mon bras était comme mort."
Ils restent tous là en attente, Marchand essayant de reprendre ses esprits sous la douleur. Mais Gros et Dussat sont inquiets, car depuis l'arrêt des tirs aériens, ils entendent des voix assez proches et de l'agitation sur la piste quelques mètres plus haut. Marchand lui aussi a entendu. "Comme ça parlait beaucoup au dessus de moi, j'ai pris une DF. Gros me dit qu'ils sont nombreux. Moi, j'en voyais surtout un, debout, qui criait : "Allah Akbar,Allah Akbar !" Les autres rigolaient. J'ai dégoupillé ma grenade et je l'ai balancée dans leur direction. Elle explose. Gros m'annonce que j'en ai touché quelques-uns. Il a ensuite buté le reste. Il n'y a pas eu de riposte, Dussat a aussi lancé une grenade avant d'en avoir un." Ils savent maintenant qu'ils sont repérés et doivent partir, mais Marchand n'est pas en mesure de se déplacer tout de suite. Il commande au binôme de partir. "On ne vous laisse pas ici, il n'y a pas moyen ! me dit Gros. Dussat se lève pour venir m'aider. Alors j'ai commencé à hausser le ton. Ecoutez-moi ! Cela ne sert à rien, si vous venez vers moi, on va tous en ramasser une ! Puis j'ai pris un caillou et je le leur ai jeté dessus. Ils ont décroché, mais les snipers les ont suivis à coup de fusil. La nuit était encore loin, j'ai eu le temps de penser à beaucoup de choses. En bas ça tirait et ça brûlait dans un hameau." Soudain, une rafale tirée très près le fait sursauter. Il identifie un FM et le localise sur la piste. Le Taleb tire vers le bas. Il n'a pas vu le français blessé. "J'ai pensé : OK, c'est le moment où jamais, t'a eu de la chance jusque là mais l'autre au FM va finir par t'en mettre une. Il tirait sans arrêts en courtes rafales, je ne sais pas combien de bandes il pouvait avoir. Alors j'ai lancé une autre DF. Après l'explosion plus rien ! Eu ou pas tant pis, car j'ai tout de suite quitté mon rocher pour descendre. Je suis parti direct sur les fesses, mon bras allait un peu mieux. J'avais mal, mais je pouvais bouger. Je n'ai plus entendu le FM." La descente va durer longtemps, mètres par mètres, dans la nuit enfin tombée.
Non loin de là, les caporaux-chef Temaeva et Morelle décident de quitter leur abri. Ils avancent en sûreté car des tirs se font entendre dans le fond. La lune éclaire le paysage." Dans la descente, Morelle était devant moi. Soudain je vois une silhouette blanche se préciser face à nous. Je dis : Morelle ! Devant toi !" Il a tiré par réflexe et la forme est tombée. C'était un taleb, il ne nous avait pas vus. Le binôme s'éloigne au plus vite de là et la chance leur sourit peu après, car ils font jonction avec Dussat et Gros. Le nouveau groupe reprend la marche pour rejoindre les renforts à moins d'un kilomètre et signaler la position du caporal-chef Marchand. Ils ne savent pas qu'il est déjà en train de descendre tant bien que mal.

Des hélicoptères vrombissent dans le ciel, il n'y prête pas d'attention jusqu'à ce que l'un deux surgisse très bas et se poste en stationnaire en face de lui. "Il me voyait certainement. Je me suis dit : Ça c'est mort ! Il va me découper en deux ! Alors, de mon bras valide, j'ai fait de grands signes pour lui faire comprendre que je n'étais pas un taleb. Il a pivoté rapidement d'un quart de tour à gauche et j'ai vu partir une longue salve de roquette sur le versant. Il a dû en descendre quelques uns car j'ai entendu couiner. L'hélico m'a sauvé la vie. J'étais heureux, j'ai crié vers les talibans : bande de chiens ! puis j'ai filé." Il est fatigué, ses gestes se font plus lents. Le village de Sper Kunday tout près est calme dans cette obscurité. Il choisit d'y aller d'autant qu'il entend des hommes remonter vers le col, ce ne sont pas des Français. Il pense que les renforts passeront par ce village silencieux. Il y arrive et longe un mur de maison, tout doucement. Des bruits de pas sur le sol terreux l'alertent. Devant lui, à quelques mètres, une quinzaine de silhouettes passent sans bruit. Elles ne portent pas d'armes mais des chasubles porte-chargeurs, ils ne sont pas de l'ANA. Les ombres s'arrêtent, celui qui semble être leur chef leur parle. Marchand regarde sa grenade, il préfère la garder pour lui au cas où... L'endroit est malsain, il recule et va au centre du hameau. Il s'adosse à un mur, dégrafe son pare-balles et tente encore de réparer son épaule. À cet endroit, la nuit l'enveloppe, il s'apaise, de longs instants s'écoulent. Une autre ombre s'approche, c'est une femme. Une fois de plus, il change de coin. Il se cache contre un buisson. La femme revient avec quatre hommes, ils chuchotent, ils cherchent. Ils frôlent presque le Français et s'éloignent enfin. Le silence retombe. Marchand sursaute, il entend un autre bruit insolite. Le son lui parvient étouffé, puis de plus en plus net, c'est un grésillement bien familier d'un contact radio. Son cœur bondit. C'est peut-être un appareil tombé dans d'autres mains. Il se maîtrise, ne bouge pas, mais soudain, en clair, une voix humaine répond : "Ici carmin 3, affirmatif, j'entame ma montée vers le col !" La 3e section de sa compagnie est à vingt mètres de lui. Un quart d'heure après avoir dit ce qu'il sait il est emmené en arrière. On veut le brancarder il refuse tout net.
"Non les gars, si les autres arrivent, je préfère vous voir avec vos famas prêts à tirer qu'à porter un brancard où quatre fusils ne servent à rien ! " Le bon sens d'un chef d'équipe parachutiste." Je l'ai regretté quand même, car j'ai eu mal...."
Le caporal-chef Marchand va apprendre, avant de décoller, que toute son équipe est rentrée. Le 1 CL Verdet est également évacué par air. Les caporaux-chef Tutavae et Temaeva rentreront en VAB sur Tora le lendemain.

Propos recueillis par l'ADC ® Jacques ANTOINE, officier traditions 8e RPIMa auprès du CCH MARCHAND Loïc, chef d'équipe dans le groupe 22, du CCH TEMAEVA Heimata, chef d'équipe dans le groupe 23, du CCH TUTAVAE Hansa, chef d'équipe dans le groupe 23 et du 1 CL VERDET Rudolph, radio tireur du VAB 22.

Cérémonie d'hommage national aux Invalides.

" La mort vous a fauchés dans la fleur de l'âge le 18 août à l'est de Kaboul alors que vous remplissiez votre mission. Mission difficile, mission dangereuse, mission exigeante. Je sais pour en avoir parlé avec vos camarades, hier encore, à Kaboul, l'enthousiasme qui vous animait et la camaraderie qui vous unissait. Vous étiez partis en reconnaissance dans la vallée Uzbeen. Au passage d'un col, vous avez été pris sous le feu nourri de terroristes talibans qui vous avaient tendu une embuscade. Le combat s'est engagé, vous avez lutté des heures entières avec une bravoure et une ténacité qui forcent l'admiration.

Issus du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine de Castres, du régiment de marche du Tchad de Noyon et du 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi, tous les dix, vous veniez de toute la France, de Vendée, du Cantal, de Gironde, du Calvados, de Haute-Garonne, des Hautes-Alpes, des Bouches-du-Rhône, de Seine-et-Marne, de la Réunion et de la Nouvelle-Calédonie. Vous étiez unis par un même idéal et vous aviez fait le choix du même engagement au service de votre patrie.

Vous étiez engagés en Afghanistan dans un combat contre la barbarie, l'obscurantisme et le terrorisme. Ces mots montrent que le métier de soldat n'est pas un métier comme les autres. Tous les dix, vous êtes morts jeunes mais néanmoins vous avez eu ce privilège de vivre votre engagement, de choisir ce métier, ce métier des armes dont nous voyons aujourd'hui de quel prix on peut le payer. Vous êtes des hommes qui voulaient vivre debout, vous êtes des hommes qui avaient des valeurs : la loyauté, le courage, la camaraderie, la solidarité. J'ai parlé avec vos camarades qui étaient là-haut et qui étaient bouleversés de ne pas avoir pu vous en sortir. Ils n'ont rien à se reprocher. C'est la France tout entière qui mesure, aujourd'hui, ce que signifie que d'être un soldat de l'armée française.

La France peut et doit être fière de son armée.

Je veux associer à cet hommage, en terminant, vos 21 camarades blessés. Je veux assurer leurs familles et leurs proches de mes affectueuses pensées.
J'ai rencontré hier à Kaboul les soldats qui poursuivent cette mission. Je leur ai dit ma confiance. Je veux m'incliner avec respect et émotion devant les drapeaux des régiments où étaient engagés vos enfants, qui se sont illustrés au feu : le 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, le régiment de marche du Tchad et le 2e régiment étranger de parachutistes.

Soldats, ces régiments surmonteront cette épreuve comme vos prédécesseurs l'ont fait au cours de la longue et glorieuse histoire des régiments auxquels vous appartenez.

Adjudant Sébastien DEVEZ,
Sergent Damien BUIL,
Sergent Nicolas GREGOIRE,
Sergent Rodolphe PENON,
Caporal Mélan BAOUMA,
Caporal Kévin CHASSAING,
Caporal Damien GAILLET,
Caporal julien LE PAHUN,
Caporal Anthony RIVIERE,
Caporal Alexis TAANI,

J'ai voulu que vos noms soient prononcés dans cette cour où tant de noms prestigieux furent prononcés avant le vôtre. Vous méritez la reconnaissance de la Nation tout entière. Ici, dans ce haut lieu de la gloire militaire, je veux vous dire, au nom du peuple français que nous ne vous oublierons pas, tout simplement parce que nous n'en avons pas le droit. "

Éloge funèbre prononcé par Monsieur Sarkozy, Président de la République, jeudi 21 août 2008 à 11 h 30 aux Invalides.

Plaque en mémoire du caporal BAOUMA
Quartier BERNIQUET à Noyon (60)

Gloire à nos Morts, tombés en Afghanistan

Engagé le 6 mai 1997 au 8e RPIMa, le sergent-chef DEVEZ totalise onze ans et deux mois au service de la Nation. Sous-officier adjoint au chef de section, il a été à plusieurs reprises engagé en missions extérieures, au Kosovo comme au Tchad.
Originaire d'Aurillac (15), âgé de 30 ans et père de deux enfants, le sergent-chef DEVEZ est titulaire de la médaille outre-mer avec agrafe "Tchad", de la médaille de la défense nationale échelon argent, de la médaille commémorative française avec agrafes "Kosovo", "ex-Yougoslavie" et "Afghanistan", de la médaille OTAN avec agrafes "Kosovo" et "ISAF", de la médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement.
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu adjudant à titre exceptionnel.

Engagé le 3 février 1998 au 8e RPIMa, le caporal-chef BUIL totalise dix ans et sept mois au service de la Nation. Chef de trinôme, il a été à plusieurs reprises engagé en missions extérieures, en Macédoine, en République Centrafricaine, en Côte d'Ivoire ainsi qu'au Tchad.
Originaire de Libourne (33), âgé de 31 ans et père d'un enfant, le caporal-chef BUIL est titulaire de Croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze, de la médaille outre-mer avec agrafes "Tchad", "RCI" et "Congo", de la médaille de la défense nationale échelon argent, de la médaille commémorative française avec agrafes "ex-Yougoslavie" et "Afghanistan", de la médaille OTAN avec agrafes "Kosovo" et" ISAF".
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu sergent à titre exceptionnel.

Entré en service le 13 décembre 2000, le caporal GRÉGOIRE est affecté au 8e RPIMa le 7 juillet 2001 et totalise sept ans et huit mois au service de la Nation. Chef de trinôme, il a été à plusieurs reprises engagé en missions extérieures, notamment au Kosovo.
Agé de 26 ans, originaire de Suresnes (92), le caporal-chef GRÉGOIRE est titulaire de la médaille outre-mer avec agrafe "RCI", de la médaille de la défense nationale échelon argent, de la médaille commémorative française avec agrafes "ex-Yougoslavie" et "Afghanistan", de la médaille OTAN avec agrafes "ex-Yougoslavie" et "ISAF".
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal-chef à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au 8e RPIMa comme grenadier voltigeur, le soldat de 1 ère classe CHASSAING totalise un an et deux mois au service de la Nation.
Originaire de Bègles (33), âgé de 19 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au 8e RPIMa comme grenadier voltigeur, le soldat de 1 ère classe GAILLET totalise un an et deux mois au service de la Nation.
Originaire de Caen (14), âgé de 21 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au 8e RPIMa comme grenadier voltigeur, le soldat de 1 ère classe LEPAHUN totalise un an et deux mois au service de la Nation.
Originaire de Nogent-sur-Marne (94), âgé de 20 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
II est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au 8e RPIMa comme grenadier voltigeur, le soldat de 1 ère classe RIVIERE totalise un an et deux mois au service de la Nation.
Originaire de St Pierre de la Réunion (974), âgé de 21 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
II est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au 8e RPIMa comme grenadier voltigeur, le soldat de 1 ère classe TAANI totalise un an et deux mois au service de la Nation.
Originaire de Paris (75), âgé de 20 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
II est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Incorporé le 5 juin 2007 au RMT comme grenadier voltigeur, le soldat de 1ère classe BAOUMA totalise dix mois au service de la Nation.
Originaire de l'île d'Ouvéa (Nouvelle-Calédonie), âgé de 22 ans, il est titulaire de la médaille commémorative française avec agrafe "Afghanistan" et de la médaille OTAN avec agrafe "ISAF".
II est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu caporal à titre exceptionnel.

Engagé au 2e REP, le caporal-chef PENON y servira toute sa carrière. Auxiliaire sanitaire, il participe aux multiples missions dans lesquelles est engagé le régiment : Tchad, Ex-Yougoslavie, Côte d'Ivoire où il s'illustre en 2003 et en 2006 en portant secours à deux camarades blessés.
Âgé de 39 ans, père de deux enfants, il est titulaire de la médaille outre-mer avec agrafes "Tchad", "RCA" et "RCI", de la médaille d'or de la Défense nationale, de la médaille commémorative française avec agrafe "ex- Yougoslavie" et "Afghanistan", de la médaille OTAN avec agrafe "ex-Yougoslavie" et "ISAF".
II est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, cité à l'ordre de l'armée avec attribution de la croix de la Valeur militaire avec palme et promu sergent à titre exceptionnel.

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