Le général ROLLET

Le général ROLLET (1875 - 1941).

Surnommé le " père de la Légion ", le général Rollet a servi durant 33 ans. En Algérie, à Madagascar, puis au Maroc avec les compagnies montées et durant la Grande Guerre à la tête du RMLE, il a couvert de gloire la Légion étrangère.

Paul Frédéric Rollet est né à Auxerre, le 20 décembre 1875. Son père, polytechnicien, est à ce moment-là capitaine au 39e RI (régiment d'infanterie). Le jeune Rollet intègre, le 3 I octobre 1894, l'École spéciale militaire de Saint-Cyr où il est reçu 56e sur 600 candidats. Classé 311e sur 587 à sa sortie, le 1er octobre 1896, le sous-lieutenant Rollet rejoint les Ardennes et le 91e RI. Il est nommé lieutenant le 1er octobre 1898. Le 4 décembre 1899, il est affecté à sa demande au 1er RE (régiment étranger) et part pour Saïda en Algérie. Molleron, surnom que lui ont donné les autres jeunes lieutenants du 1er RE, participe en 1900 à une colonne sur Igli. En 1902, il rejoint le bataillon de la Légion de Madagascar.

De Madagascar aux compagnies montées.
Rollet est affecté en pays Sakalava ; il y occupe les emplois d'officier payeur à Majunga, puis d'adjoint au commandant du secteur de Tsiribihina. Muté à Anosivaro, il prend en charge la 3e compagnie jusqu'au 31 mai 1904, puis se voit confier l'élaboration de plans de défense. Début 1905, il retourne en Algérie où il est versé dans les compagnies montées de la Légion. Désormais, il va parcourir inlassablement le sud algérien et les régions sahariennes. À la 3e compagnie montée du 1er de marche du 2e REI (régiment étranger d'infanterie), Rollet va se forger une réputation qu'il conservera toute sa vie. Vêtu de sa vareuse de toile marron, arborant une barbe et semblant ne jamais être fatigué, on dit qu'il arpente le pays à pied.
Si la discipline imposée par le lieutenant Rollet est dure, elle est compensée par un contact humain avec ses hommes qu'il aura toute sa carrière. En décembre 1907, Rollet est à Oujda, en pleine guerre du Maroc, puis participe aux opérations d'Aïn-Sfa, de Beni-Ouzien et de Bou-Denib en 1908 et 1909, année où il est nommé capitaine, le 25 mars. Il sert désormais comme commandant de la 3e compagnie montée. " Le capitaine Espadrilles ", comme le surnomment alors ses hommes, continue de sillonner le Maroc.

17 combats classés.
De 1911 à 1914, Rollet participe à pas moins de 17 combats classés. Avec sa compagnie, il se distingue notamment à Lalla-Ito, Nzala Beni-Amar, Fès, Behalil, Meknès, Immouzer, Boumia, Guérane, Moulay Bouchta, Taza, ou bien encore à la montagne des Tsoul.
Deux citations, l'une à l'ordre du corps de débarquement de Casablanca (20 juin 1911), l'autre à l'ordre des troupes d'occupation du Maroc (20 septembre 1912), et la rosette de la Légion d'honneur (3 mai 1914), viennent récompenser son sens du combat. Cette période marocaine a façonné un chef militaire hors normes et dévoilé une forte tête, parfois excentrique, souvent en conflit avec sa hiérarchie. Ce qui ne l'empêche pas de se lier d'amitié avec le général Lyautey et le futur général Gouraud.

La Grande Guerre.
En août 19 14, durant un congé de fin de campagne en France, le capitaine Rollet est surpris par la déclaration de guerre. À sa demande, il quitte la Légion étrangère pour se faire affecter au front et rejoint le 33e RI. Engagé à Longwy et à Laimont, il est blessé à deux reprises, puis affecté, le 14 octobre 19 14, au 331e RI avec le grade de chef de bataillon à titre temporaire. Nommé à titre définitif le 22 février 1915, promu lieutenant-colonel le 28 octobre et cité à l'ordre de l'Armée le 14 décembre, Rollet va mener son régiment en Argonne, sur la Somme et sur l'Aisne. Désigné pour prendre le commandement du glorieux RMLE (régiment de marche de la Légion étrangère), le lieutenant-colonel Rollet rejoint son nouveau régiment le 30 mai 1917. L'histoire de cette unité va désormais se confondre avec celle de son chef. Son attitude à Berry-au-Bag (20 juin au 7 juillet), à Cumières (20 août), mérite à Rollet une citation à l'ordre de la 2e Armée.

Une pluie de citations.
Relevé le 4 septembre, le RMLE descend au repos au bois de Camp-l'Evêque. C'est là, le 27 septembre, que le général Pétain remet au drapeau du RMLE, la croix de la Légion d'honneur. Le régiment passe la fin de l'année 1917 et le mois de janvier 1918 dans le secteur de Flirey où il obtient une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée. Le RMLE se distingue encore le 26 avril aux abords du bois de Hangard-en-Santerre, le 21 mars dans le secteur de Saint-Quentin, le 30 mai à la montagne de Paris, au mois de juillet dans l'offensive menée par le général Mangin, et le 14 septembre sur le plateau de Laffaux où il rompt la ligne Hindenburg. Autant d'occasions pour le régiment et son chef de recevoir de nouvelles citations.




En tête du défilé.
L'armistice interrompt l'offensive et la Légion étrangère pénètre en Lorraine par Château-Salins. Le lieutenant-colonel Rollet, fidèle à sa légendaire veste kaki - même en cette saison et sous l'âpre climat de l'Est - prend dans ses mains le drapeau au milieu de sa garde. Placé à la gauche du général Daugan, il voit défiler son régiment, impeccable, allant d'un pas triomphal. En 1919, le RMLE et Rollet sont encore à l'honneur en ouvrant, à Paris, le défilé du 14 juillet.

Après avoir monté la garde au bord du Rhin, le RMLE (régiment de marche de la Légion étrangère) quitte la Rhénanie en octobre 1919. Le lieutenant-colonel Rollet, auréolé de gloire, rentre au Maroc à la tête de son unité, qui devient le 3e REI (régiment étranger d'infanterie), le 15 novembre 1920.

Proche de ses hommes.
Très vite, les légionnaires du " 3 " sont aux prises avec la révolte du Moyen Atlas. En même temps, la Légion est confrontée à des soucis d'ordre moral. En effet, malgré la victoire sur le front français, à laquelle les légionnaires ont contribué, ceux-ci ne sont pas logés à la même enseigne que les autres unités. Les soldes et les primes d'ancienneté, par exemple, demeurent inférieures à celles des troupes coloniales. Pour atténuer cette crise de confiance, Rollet s'efforce de remonter le moral de " son " 3e REI, à défaut de celui de la Légion. Il rencontre, parle, écoute, tente de répondre aux attentes de ses légionnaires et use de sa notoriété pour obtenir ce qu'il y a de mieux pour eux. Parallèlement, Rollet veut imposer sa vision pour gérer le conflit marocain et sa méthode pour réformer la Légion. Il profite d'un repos à Paris, au début de l'année 1923, pour rencontrer toutes les personnalités importantes de l'époque. Il se fait ouvrir les portes des grands salons parisiens, se montre là où il faut être vu. Infatigable, il expose ses vues sur " sa " Légion et la façon de progresser au Maroc.

Colonel au 1er REI.
Le 16 mars 1925, le lieutenant-colonel Rollet fait ses adieux au 3e REI pour prendre, à sa demande, le commandement du 1er REI à Sidi Bel-Abbès. Après dix ans de grade, il est enfin nommé colonel. Rollet va se servir de cette position en vue pour promouvoir la Légion.
Il lance l'idée de créer une publication qui d'une part fédérerait les " anciens " et les légionnaires d'active et, d'autre part, ferait connaître " sa " Légion. Le premier numéro de La Légion étrangère sort en décembre 1930. En collaboration avec d'anciens légionnaires, il fait également réaliser un ouvrage historique sur le RMLE.

La maison du légionnaire.
Rollet entreprend de grands travaux pour que le quartier Viénot de Sidi Bel-Abbès, où résident les légionnaires, réponde à leurs attentes et devienne la " maison mère " de la Légion. Un foyer du légionnaire, une salle de spectacle, une maison pour les " anciens " vont ainsi sortir de terre. Devant tant d'attentions à leurs égards, les légionnaires retrouvent petit à petit la confiance perdue au lendemain de la Grande Guerre.

Un centenaire en fanfare.
Rollet est promu général de brigade le 21 mars 1931. Le centenaire de la création du corps, qui a lieu peu après à Sidi Bel-Abbès, les 28, 29 et 30 avril 1931, est une excellente opportunité pour faire rayonner la Légion, tant en France qu'à l'étranger, grâce à d'imposantes cérémonies. À cette occasion, le Livre d'or de la Légion étrangère, tant souhaité par Rollet, est publié. Il sera couronné en 1934 par le prix Gobert de l'Académie française récompensant les livres d'Histoire. Enfin, le moment fort de ces cérémonies est l'inauguration du colossal monument aux morts de la Légion étrangère, œuvre du sculpteur Charles-Henri Pourquet.

L'œuvre sociale.
Après l'apothéose des fêtes du centenaire, Rollet quitte le 1er REI, le 30 avril 1931, pour se consacrer à ses nouvelles fonctions d'inspecteur de la Légion étrangère. Un titre créé spécialement pour lui, et qui disparaîtra avec lui. Sa mission n'est plus d'ordre opérationnel mais concerne la gestion des effectifs et le moral des troupes. Il entame une " tournée des popotes " et se consacre à l'organisation d'une Légion moderne. Avec l'appui d'hommes politiques sensibles à son discours sur la solidarité, il crée la maison de retraite du légionnaire à Auriol, en 1934. Elle fonctionne encore de nos jours.

Une retraite très active.
Le 26 juin 1935, à l'aube de la retraite, le général Rollet reçoit les insignes de grand officier de la Légion d'honneur. Cette haute distinction s'ajoute aux quelque 27 décorations étrangères et à la dizaine de décorations françaises qu'il arbore déjà. Officiellement mis en retraite à compter du 20 décembre 1935, le général Rollet fait une tournée d'adieux. Celle-ci le mène jusqu'au Tonkin, en octobre 1936, où il rend hommage au 5e REI (régiment étranger d'infanterie), les légionnaires du bout du monde. Rendu à la vie civile, Rollet ne peut cependant se résoudre à l'inactivité et consacre les dernières années de sa vie à améliorer celles des autres. Il accepte ainsi, en 1938, la présidence de la Fédération nationale des blessés de la tête et de la face (les " gueules cassées "). Jusqu'à sa mort, survenue à Paris le 16 avril 1941, Rollet sera très actif pour venir en aide à ses chers légionnaires.

Espadrilles et ombrelles.
C'est au Maroc, dans les années 1909-1914, que les hommes de Rollet le surnomment le " capitaine Espadrilles ". Ils faisaient référence aux sandales que leur chef portait en permanence pour mieux arpenter le sol marocain. Madame Rollet raconta qu'un jour, alors qu'il avait reçu du général Lyautey une invitation qui précisait " chaussures noires ", son époux n'hésita pas à cirer ses espadrilles en noir pour s'y rendre ! Autre signe distinctif, une ombrelle, tantôt verte, tantôt rose, qu'il portait au Maroc pour se protéger du soleil, caractérisait son caractère indépendant et excentrique. Cette ombrelle le suivit jusque sur le sol de France pendant la Grande Guerre, où certains de ses hommes disaient qu'il s'en servait pour s'abriter des balles !

Un mannequin de cire.
Conformément à ses voeux, le général Rollet retrouve la terre d'Algérie après sa mort.
Son corps est inhumé au cimetière du légionnaire à Sidi Bel-Abbès, le 25 avril 1941. Madame Rollet (née Clémentine Hébert) s'installa dans une villa près du quartier des légionnaires et perpétua le souvenir de son époux. Elle fit reconstituer le bureau du général, dans lequel trônait un mannequin de cire à son effigie. Tout nouvel officier arrivant au régiment se devait d'aller présenter ses hommages à Mme Rollet et saluer militairement le mannequin du général ! Quand la Légion quitta définitivement l'Algérie (1962-1963), le corps du général Rollet fut transporté en France au carré Légion du cimetière de Puyloubier, où il repose toujours.

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